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L'ainé, Guillaume (°La Morlay 08 02 1866 + La Brède 10 04 59), fut officier de marine et termina sa carrière en 1918 comme Capitaine de Corvette. Marié (21 03 1914) à Marie de Merlis (1875-1959)

Il se retira alors à Pierrefitte qu'il habitat pendant plus de cinquante ans


 
 

En juin 1944, Pierrefitte avait servi de refuge au maquis qui l'abandonna un peu précipitamment à l'approche de l'armée allemande : le bataillon de
reconnaissance AA 1000, une des unités dont disposait le Général von Jesser pour intervenir en Haute Corrèze après l'embuscade dans les gorges du
Chavanon près de Bourg Lastic qui, le 7 juin,  avait couté la vie à une vingtaine de soldats allemands. Le 30 juin, après avoir effectué une manoeuvre
d'envergure que ne justifiait guère la résistance que pouvaient leur opposer mon oncle et son épouse (ils totalisaient 160 ans à eux deux), les Allemands investissaient la place.

 L'oncle Guillaume est convoqué par l'officier allemand qui lui donne lecture des instructions dont il est porteur : des armes ont été retrouvées dans la grange, le château et ses dépendances doivent être brûlés et ses habitants fusillés.

Avant de mourir, l'oncle demande l'autorisation de revêtir son uniforme de capitaine de frégate et de faire une dernière fois le tour de sa maison.... il souhaite que l'officier l'accompagne. Pièces après pièces, l'Allemand fait la connaissance de nos ancêtres et de leur histoire... L'Oncle Guillaume raconte bien, l'histoire des Bort et des Tournemire à l'époque gallo-romaine et au moyen-âge, mais aussi les guerres franco-allemandes : la maison conserve les courriers adressés à Pierrefitte par son père et ses oncles qui ont servi sur le front autrichien en 1870, lui-même commandait un torpilleur en 1914,....en 1916 il avait sauvé l'équipage d'un sous-marin allemand qu'il venait de couler...

L'officier, piègé, mal à l'aise, hésite longtemps, puis courageusement prend sa décision : l'exécution n'aura pas lieu, il sacrifiera la seule "Grange Vieille" à la fureur de ses chefs, et comme nous avions déjà une "Grange Neuve", la grange reconstruite quelques années plus tard deviendra pour mes enfants "la Grange Rouge". J'ai toujours espéré voir revenir en touriste cet officier-honnète-homme qui a peut-être payé de sa vie d'avoir contrevenu aux ordres .

En 1932, l'oncle qui n'avait pas d'enfants, avait écrit à son neveu & filleul, mon père, alors officier des AI aux confins du Sahara marocain. Il vieillissait, devait prendre des décisions en raison de sa mort qu'il sentait prochaine ; il lui proposait de l'adopter légalement pour être son successeur à Pierrefitte. "Tu prends 24 heures pour réfléchir si tu le juges utile ; si tu acceptes, adresse un télégramme au Commandant de Tournemire, -Vais toujours bien - Guillaume, dans le cas contraire, adresse le au Comte de Tournemire, - Suis en bonne santé - Guillaume "....ce code répondait à son désir de ne pas tenir son épouse au courant de son projet. J'ai retrouvé le brouillon de la lettre dans les papiers de l'oncle, soigneusement épinglé à un télégramme adressé au "Commandant". J'ai retrouvé également la lettre et l'avis remis 4 mois plus tard, à l'officier des spahis par le vaguemestre d'Erfoud, dans les papiers de mon père. L'Oncle Guillaume mourut... mais trente ans après cet échange de courriers, en 1960.

L'Oncle Guillaume n'a jamais eu d'automobile. A 93 ans, il attelait encore sa jument pour s'en aller seul livrer les fromages qu'il exigeait "bons fermiers et loyaux marchands" en règlement de ses fermages. C'est aussi dans cet équipage qu'il venait chercher au train de Clermont le petit Guillaume que j'étais, quittant régulièrement le monastère dans lequel il était pensionnaire pour rendre visite à son vieil oncle et parrain, conteur intarissable des histoires du temps jadis.

Il était reté longtemps célibataire et avait époussé à 48 ans Marie de Merlis (°Bordeaux le 26 02 1875 + Montflanquin (L & G) le 21 11 59) fille de Joseph et de Marie Laure Clémence Pichon (SP)

Sur la fin de sa vie dans le salon de Pierrefitte, où il s'était retiré en 1918

Il mourut au Châlet des Pins à La Brède ou il passait l'hiver (trop rigoureux à Pierrefitte) avec son épouse

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