J'ay Madame reçu votre lettre avec un plaisir extrême, vous vous portez bien, vous courez le monde, vous estes avec Madame. la Duchesse de Richemond, voilà trois bonnes nouvelles.
La Reine est transportée de joie depuis que son mari a fait fortune, je fus il y a deux jour à Versailles, je n'ay jamais vu tans de monde quoique la foule fut déjà bien diminuée, ou cette affaire est finie ou elle n'est que le commencement d'une guerre épouvantable. Nos officiers partent toujours pour l'armée du Rhin ou le Maréchal de Banville a cent mille hommes et pas une compagnies d'infanterie. contre lui .
M. le Comte de Clairmont a fait une change avec le petit (???) il a cédé au prince la Camargo et le prince lui a cédé la duchesse de bouillon.
(???) viens de donner une fête a l'occasion du mariage de sa petite fille avec M le prince de Condé dont la magnificence a été jusqu'à l'extravagance. Tout le monde a été voir un salon bâti exprès pour la noce. Ce soir, M de Guise qui était des priés a été tellement inconnu et accablé dans la foule que des gardes lui on donné des bourrades ce qui me rappelle mais en petit le grand duc de Guise qu'on appelait le balafré.
L'abbé Pelegrin qui a passé soixante ans de sa vie à faire des vers détestables, vient de donner une tragédie qui a eu un grand succès, intitulée la Pelopée. Je suis en peine de la santé de Mademoiselle de Malbouroug. Il n'est pas étonnant que vous ne viviez plus dans la même liaison. On peut s'estimer après avoir cessé de s'aimer. Faites moi la grâce de dire a M le duc de Richemond qu'il me doit pour le moins deux lettres après toutes ses bontés pour moy. Je ne souffrirai pas patiemment des marques de son oubli.
Vous allez voir paraître un ouvrage de moi qui s'imprime actuellement en Hollande, je voulais me cacher comme autrefois mais mon secret a transpiré. Vous me feriez plaisir de me dire votre sentiment car je me trouve incapable de faire un bon ouvrage ni d'en faire un mauvais. Il est intitulé "Considérations sur les causes de l'agrandissement des Romains et de leur décadence". je suis avec respect ...
Agreez que je présente mes respects a Mylord Harvey j'ay bien envie de l'aller écouter
« C'est madame un mouvement du coeur qui me fait prendre la plume pour vous écrire et vous assurer de la continuation, je ne sais pas bien de quoy, car lorsqu'on est attaché au personnes faites comme vous on ne sais jamais mesurer bien amour ou amitié.
Vous me mandez que vous prenez du goût pour la retraite, j'ai oui dire que lors qu'on commençait a fuir tous les hommes en général on en aimait qu'el'qu'un en particulier. Vous cherchez la solitude, vous estes nerveuse, vous voulez vous entretenir avec vous-même, voilà, Madame toutes les marques d'une passion, dieu vous garde d'estre aussi malheureuse que vous le méritez dans cette occasion.
Il est impossible d'imaginer rien qui approche de la beauté des derniers bals de ce carnaval. Là la princesse flore avait bien des affaires elle suivait l'amour dans ces lieux si charmants d'autans de rivaux menacaient les amants qu'elle voyait de mousquetaires. Las des feux du champagne un jeune prince cherchait quelque retraite obscure et grimpait jusqu'au paradis pour voir s'il pouvait d'aventure induire à mal quelque Closis ; Tout le monde a suivi de si grands exemples et jamais on ne s'est mieux diverti
. La Sorbonne et le Corps des pasteurs, alarmés de nos désordres et de notre libertinage, cherchent a y porter remède, de nous tous convertir. Leur zèle se propose et pour venir a bout d'un si pénible employ, on bâti, on dresse, on compose quatre cents articles de loy.
Voilà madame tout de que je sais. J'ai pris la peine de varier mon style pour vous ôter la fatiguance d'une trop longue prose.»