19 mars 2006
« Pour l’Arrière-Petite-Fille de Guillaume de Tournemire, que
j’ai vu le 12 novembre 1942 à l’Hôtel du Parc à Vichy
dans le bureau (n°126) du Docteur Ménétrel Médecin
en Chef du Secrétariat Particulier du Maréchal. Le Docteur
m’appela pour me présenter au Commandant de Tournemire qui sortait
du bureau du Maréchal.
Le 12 Novembre (jeudi), ce magnifique Officier, Chef des « Compagnons
de France », était venu dire au Maréchal (auquel il avait
prêté serment de fidélité en 1940, comme il lui
était demandé) qu’il avait l’intention de passer désormais
dans la Résistance active, puisque la veille les Allemands avaient
violé l’Armistice en envahissant la « zone libre » de
la France pour occuper le littoral méditerrannéen désormais
menacé par les Américains qui venaient de débarquer
depuis la nuit du 7 au 8 novembre en Afrique du Nord.
C’était en effet un cas de conscience pour les Officiers que ce serment
de fidélité à ne pas respecter. Pour comprendre, il
faut savoir que conformément aux engagements qu’il avait pris en demandant
et en signant l’Armistice le 22 juin 1940, le Maréchal, même
à contre-cœur, mais pour ne pas prêter le flanc aux Allemands,
avait donné l’ordre* aux troupes françaises d’AFN de résister
à l’attaque américaine (et un peu britannique). Pour le Chef
de l’Etat, « cas de conscience » écartelant, du moins
en apparence car le Maréchal n’attendait secrêtement (comme
presque tous les Français) qu’une chose : cette arrivée des
Américains pour nous libérer.
(* le 8 novembre et l’avait réintéré depuis)
Le Commandant de Tournemire venait d’exprimer au Maréchal son intention
de passer à la résistance armée à l’Occupant
avec les Compagnons de France qui voudraient le suivre.
Le Maréchal lui a déclaré : « Je suis décidé
à rester ici. C’est ma place. Je sais que j’y perds de mon prestige.
Mais j’éviterai à la France une partie du malheur qu’elle subirait
sans moi ».
Comme Guillaume de Tournemire lui disait donc qu’il allait poursuivre (sous
une forme nouvelle) son action contre l’occupant, le Maréchal lui
répondit : « Mais bien sûr, dans ce domaine vous n’en
ferez jamais trop. Mais agissez avec prudence à cause de vos jeunes.
Je ferai de mon mieux pour vous aider, mais je ne peux pas tout faire. Bonne
chance ! »
Au courant de l’entretien, le Docteur Ménétrel avait tenu à
me présenter au Commandant de Tournemire avant que celui-ci «
ne prit le large ». J’avais été très sensible
à cette attention.
Quelle superbe figure que celle de votre Arrière Grand Père
! »
Paul RACINE
19 mars 2006.
« Note : Cette entrevue du Maréchal et du Commandant de Tournemire
est rapportée par François-Georges Dreyfus dans son ouvrage
« Le Patriotisme des Français sous l’Occupation ».
Pardon pour l’écriture d’arthritique… »