Madic
Le château de Madic se trouve à 6 KM à vol d'oiseau de Pierrefitte, à 400 m d'altitude,
de l'autre côté de la montagne à laquelle est adossé Pierrefitte



Athena
Forum de la base de données Sujet: Madic  2004-05-16 11:46:18
Cet antique manoir féodal sur la rive gauche de la Dordogne était la clé du haut pays d'Auvergne. Véritable forteresse, il pouvait recevoir une garnison d'un millier d'hommes. Il appartenait au XIII° s. à Hugues de Madic qui portait "d'or au sautoir de sable".
Anachronisme


"Bernard de Madic, chevalier, fut témoins en 1269 de l'hommage fait par Astorg d'Aurillac à l'abbé du monastère de ce nom.(...) Guillaume de Madic succéda à Bernard. Il épousa en 1333, Alix de Charlus. Il fut père de Géraud, qui lui succéda, et de Gaillarde, mariée en 1352 à Hugues de Chabannes, seigneur de Charlus-le-Pailloux. (Ribier) .Pierre de Madic, chevalier du Temple et commandeur de Bellechassaigne en 1272, était Grand prieur d'Auvergne en 1294. L'anné suivante, il donne une quittance... Un autre Pierre de Madic a déposé dans le procès du Temple, il déclara qu'il avait été reçu dans cet ordre à 18 ans.". (Note de L. Maitrier sur le forum)

Son descendant Géraud Ier seigneur de Madic eut une fille Gaillarde qui épousa en 1352 Hugues de Chabannes, et un fils Gerald. Ce dernier, par son testament rédigé en 1414, instituait comme héritier son fils Jacques lui substituant , en cas de décès, sa fille Antonia puis sa petite-fille Hélis et enfin son petit neveu Jacques de Chabannes.

Suivant une légende qui s'est perpétuée dans le pays, sa soeur Antonia étant morte, Jacques de Madic, voulant vers 1425 marier sa fille Hélis, réunit tous les jeunes seigneurs des environs et leur fit exécuter diverses courses et tournois. Chacun s'étant surpassé, le seigneur de Madic promit la main de sa fille à celui qui, la portant sur ses deux bras et passant la rivière sur un pont de bois, irait ainsi chargé et sans désemparer, du château au pied de la Roche Gimel, rocher basaltique en forme de tour s'élevant à mi-côte de la rive opposée. Aucun des prétendants n'avait réussi et certains même avaient trouvé la mort par suite "de la rupture de quelque vaisseau". Se présenta alors le jeune seigneur de Charlus, candidat préféré du père comme de la fille. A bout de force, il dut s'arrêter en route, rendant le dernier soupir. Accablée de douleur, Hélis ne put survivre à celui qu'elle considérait comme son fiancé. Des feux follets se seraient depuis manifestés de temps à autre le long de l'itinéraire. Ils auraient cessé définitivement vers 1870, les deux fiancés ayant apparemment fini leur temps de purgatoire et ayant commencé leur bonheur éternel.

Ce fut donc Jacques Ier de Chabannes qui hérita de Madic, le laissant par testament en 1453 à son second fils Gilbert au nom de qui sa mère, Anne de Lavieu prit possession en 1457.

"Sous la direction de Blandin BOMPART, seigneur d'AUZERS: "Pour considération que notre bien-aimé Blardin Bompart est continuellement et ordinairement occupé au service de notre amé et féal conseiller et chambellan le seigneur de CURTON, gouverneur du Limousin, l'exemptons du ban et arrière ban." Lettres de Louis XI, datées du Quesnoy, le 4 mai 1470.(/Delalo)"

Sur les soubassements de l'ancien château et ne conservant que la tour Saint-Yves (qui ne s'écroula qu'une trentaine d'années avant la Révolution), Gilbert de Chabannes en fit construire un autre aux environs de 1470. C'était une véritable forteresse avec d'énormes tours dont les murs avaient plus de 3 mètres d'épaisseur, des embrasures y étaient ménagées pour permettre de les garnir de canons. C'est par un pont-levis jeté sur le fossé qu'on avait accès à cette forteresse.

Nous avons vu que Madic avait été l'une des terres substituées sur  la Maison de Chabannes et que son dernier propriétaire avait été Jean-Frédéric de Chabannes qui après avoir tenté de reconstituer le domaine par des rachats aux acquéreurs de biens nationaux, décida de tout revendre pour réserver ses moyens financiers à la restauration de La Palice.

Le château était d'ailleurs inhabitable. Confisqué à la Révolution, il avait été acheté par un habitant du pays qui enleva d'abord tout ce qui lui convenait y compris les tuiles vernissées de la couverture. Après quoi il en acheva la démolition, ne laissant debout que les murs. L'un de ceux-ci avec sa fenêtre ogivale serait les restes de la chapelle.

Le 10 juillet 1794, le site du château de Madic a été vendu en 32 lots comme bien d'immigré. De retour de l'immigration en 1802, Jean-Frédéric est parvenu à racheter 31 lots, mais le dernier était à un nommé Verneghol qui ne voulut rien savoir. Il revendit donc les 31 lots à un marchand de biens, qui dût récupérer le 32 lot et l'a revendu à Antoine Gilbert. (Note de L. Maitrier sur le forum)

Antoine Gilbert achète Madic en 1817. Il avait épousé Mlle Charles (1804-1875) à laquelle il laisse ses biens lors de son décès en 1829. Celle-ci se remarie en 1830 avec le docteur Léon Antoine SPINASSE , natif d'Egletons. Celui-ci mourut vers 1853. Madic revint alors à son neveu Joseph SPINASSE (1831-1916. et fut ensuite transmis à la petite fille de ce dernier :  Huguette Marie Louise de BRUCHARD (1888-1960) (fille de Jeanne Marie Louise SPINASSE  et de Jean de BRUCHARD ) qui, sans union,  transmis Madic à sa nièce et filleule Nannie SPINASSE épouse d'Emmanuel Couturon avocat à Tulle qui en est actuellement propriétaire (VMF)


A la mort de Gilbert de Chabannes, en 1493, nous avons vu qu'un inventaire avait été dressé. Grâce à lui, la comtesse Alfred de Chabannes a pu reconstituer l'aspect intérieur du château. Laissons-lui la parole :

-"L'ameublement était simple au XV° siècle. Les sièges étaient des escabelles, des formes et des bancs. Les énormes lits à deux fins pour s'asseoir le jour et pour coucher la nuit. Des bahuts remplaçaient les commodes et armoires. La richesse et le luxe se déployaient dans les tapisseries des Flandres tendues sur les murs, les tapis de Turquie étendus sur les tables et sur les carreaux de faïence qui formaient les planchers et en de vrais trésors en vaisselle d'or et d'argent . Des vitraux de couleurs chargés d'armoiries, de devises et d'images de personnages garnissaient les petites fenêtres qui donnaient souvent sur la cour intérieure. Les portes étaient extrêmement petites, cachées par des portières, les murs fort épais, les cheminées énormes et le froid devait pénétrer fort difficilement dans les habitations féodales. Elles sont devenues presque inhabitables depuis que les restaurations des XVII° et XVIII° siècles ont élargi portes et fenêtres et diminué les foyers. Une salle énorme servait pour les réunions de tous genres et l'on s'y assemblait pour les repas. Une chambre de la tour Saint-Yves où couchaient feu Monseigneur et Madame était tendue de tapisserie verte à chiens, oiseaux et petites bêtes avec la couverture du lit, le ciel et la couverture de la couchette, tout de même tapisserie avec des rideaux de serge verte." (extrait de "Les Chabannes" par le Marquis de Certaines).


Maitrier Sujet: Madic, complément 2004-05-16 15:26:29 Forum de la base de données
M. et Mme Emmanuel Couturon ont accueilli les VMF à Madic le 5 août 1968 (VMF Cantal 2ème série, années 1966 à 1968) et le 10 août 1987 (VMF Cantal 9ème série, 1987 à 1989). Il y a une très jolie gravure romantique des ruines de Madic, extraite de L'ancienne Auvergne et le Velay, et une photo de l'agréable château qui a été reconstruit au XIXème à partir d'anciennes dépendances dans un style un peu directoire.

Un peu de rève ...
Madic le 20/5/2004
essai de reconstitution du site. Actuellement les ruines disparraîssent dans les arbres


M. et Mme Emmanuel Couturon avaient entre temps réalisé des travaux de terrassement considérables et un chemin en lacet qui ont permis à leurs hôtes d'accéder au site du vieux château et d'admirer le panorama sur les vallées. Le domaine leur est advenu par successions successives depuis son achat en 1825 par Antoine Gilbert, dit Fonteille, en passant par Joseph Spinasse, conseiller général de la Corrèse, décédé en 1913.

Madic a été entièrement reconstruit entre 1469 et 1480 par Gilbert de Chabannes, "qui avait de grands établissements en Guyenne, le château de Curton et les terres données par Louis XI"(Ribier), et par sa première femme Françoise de Boulogne.

C'était non seulement un ouvrage militaire formidable qui comportait encore sous Henri IV seize pièces d'artillerie et 300 hommes. Mais c'était aussi une construction magnifique, couvert de tuiles émaillées de couleurs disposées de façon à fgurer les armoiries de Chabannes: "De gueule au lion d'hermine, lampassé, armé et couronné d'or." L' inventaire du 10-15 mai 1493, que Ribier donne en partie, montre un intérieur fastueux pour le moindre accessoire ("une salière à piliers, couverte, avec une petite banière au-dessus, aux armes de feu Monseigneur et de madite Dame, qui pèse un marc et quinze deniers", et celui de 1654 montre que la prospérité de la maison avait encore augmenté.

Les tapisseries millefleurs ne venaient pas de Flandres, mais évidemment d'Aubusson. Une grande partie de la magnifique orfèvrerie et des émaux venaient sans doute des deux abbayes de Limoges où des ateliers prospéraient depuis leur établissement par Saint Éloi, le célèbre monétaire limougeaud de Dagobert.

Le marquis de Miramon reprend Ribier auquel il ajoute des informations sur le destin de cette maison au XVIIème et XVIIIème siècle.

Ce n'est pas la Révolution qui a ruiné Madic, mais l'anachronisme: Henri II de Chabannes, tout cousin du roi qu'il était, est mort criblé de dettes dans une chambre garnie à Paris en 1714. C'est pourquoi Jean-Baptiste, puis Jacques-Charles décident de liquider tous leurs domaines pour investir à Saint Domingues où ils achètent l'important domaine de Léogane. Un inventaire de Madic en 1780 indique: "Les couverts sont percés en plusieurs endroits, les charpentes sont pourries, les planchers en partie abattus et les escaliers ouverts à plusieurs endroits." Les tribulations des Chabannes à Saint Domingue semblent permettre d'écrire un autre roman d'aventure.

Il y a donc encore beaucoup et beaucoup de choses très intéressantes à mettre sur l'histoire très riche de cette famille d'Auvergne (et non d'Anjou, s'il vous plaît Athéna).



Propriétaires de Madic .... Merci à tous pour cette "coopération exemplaire"

* Géraud Ier seigneur de MADIC ca 1325

* Jacques 1er de CHABANNES 1395-1453

* Gilbert de CHABANNES 1439-1493

* Jean de CHABANNES ca 1470-1539

* Joachim de CHABANNES 1502-1559

* François de CHABANNES 1535-1604

* Jean-Charles de CHABANNES 1569-1655

* Christophe de CHABANNES 1611-1676

* Henri de CHABANNES 1653-1714

* Jean Baptiste de CHABANNES 1688-1772

* Jacques Charles de CHABANNES 1737-1780

* Jean Frédéric de CHABANNES 1762-1836

Biens nationaux en 1793
dispersé en 32 lots

* Antoine GILBERT ca 1800-1829 rachète Madic

* Demoiselle CHARLES 1804-1875 épouse du sieur ci-dessus ... elle devient veuve et épouse le sieur ci-dessous

* Léon Antoine SPINASSE ca 1800-ca 1853

* Alphonse Marie "Joseph" Hippolyte SPINASSE 1831-1916

* Jeanne Marie Louise SPINASSE 1863-1920

* Huguette Marie Louise de BRUCHARD 1888-1960 fille de la précédente, sans  union .. ni descendance

* Nannie SPINASSE 1929- filleule de Mademiselle de Bruchard dont elle héite en 1960